La genèse du film:
En 1967, Milos Forman, de passage à New-York, assiste à
la première représentation de la comédie musicale
Hair dans un café-théâtre de Broadway. Immédiatement
séduit et très enthousiaste, il envisage d'en faire un film...
Mais
il devra attendre dix ans et les oscars de Vol au-dessus d'un nid de coucous
pour accéder à son rêve. On acceptera alors enfin de lui
confier la réalisation de la version filmée d'un spectacle vivant,
devenu entretemps un symbole international de la contre-culture des années
60. Ce sera le troisième film américain du réalisateur
tchèque.
Le tournage commence à l'automne 1977, après le retour de
John Savage d'Asie du sud-est, où il tournait Voyage au bout
de l'enfer.
La comédie musicale Hair était une série
de sketches musicaux, Forman en fait une vraie histoire avec des personnages
bien caractérisés, et un vrai scénario, qu'il écrit
avec Michael Weller.
Les auteurs originaux, Gerome Ragni et James Rado, coopèrent aussi.
Hair est le premier film musical en dolby stéréo
de l'histoire du cinéma.
Milos Forman va chercher des acteurs-chanteurs peu connus dans les théâtres,
recrute John Savage qu'il a vu sur scène dans American Buffalo,
Treat Williams dans Grease, Beverly d'Angelo, Annie Golden, Don
Dacus, Dorsey Wright qui viennent de groupes de musique pop.
Forman ne veut pas de vedette, qui déstabiliserait la distribution
(on ignore à l'époque que John Savage va devenir une star
durant le tournage de Hair, lorsque Voyage au bout de l'enfer
sera sur les écrans).
Pour réunir ses acteurs, il auditionne un millier de personnes...
Ce sont les acteurs qui parlent et qui chantent, comme dans les opéras
rock des années 70, mais ils dansent aussi, ce qui est l'apanage
de la comédie musicale. Hair est donc une comédie
musicale rock.
Les chansons participent à la trame du film, au même titre
que les dialogues. Forman est très attaché à ce que
la transition entre les dialogues et les chansons se passe bien, les acteurs
doivent paraître naturels lorsqu'ils passent de la parole au chant.
Il y a merveilleusement bien réussi.
Galt
Mc Dermot refait une harmonisation des chansons pour le film, plus rock,
et l'interprétation est plus tonique que les interprétations
enregistr&
eacute;es dans les années 60. La bande-originale du film
est la meilleure interprétation musicale de Hair qui ait
été enregistrée, et elle est encore assez populaire
aujourd'hui pour être rapidement en rupture de stock malgré
les rééditions.
Tourné essentiellement en extérieurs, le film utilise l'espace
naturel pour des scènes à figuration abondante, impressionnantes
de maestria. Les chorégraphies sont réglées par Twyla
Tharp (qui apparait dans la scène onirique du mariage comme l'officiante
descendue du ciel).
Mentionnons aussi la présence de Nicholas Ray (dont c'est la dernière
apparition à l'écran) à contre-emploi dans le rôle
du colonel sadique.
Le
synopsis:
1968. Claude Bukowski, un jeune homme originaire de l'Oklahoma rural arrive
à New-York où il a l'intention de passer quelques jours
en touriste avant d'être recruté pour partir combattre au
Vietnam. Comme il traverse Central Park, il est abordé par un groupe
de hippies dont il va s'attirer la sympathie en maîtrisant leur
cheval de location qui s'est emballé.
Apprenant que Claude part pour le Vietnam, Berger, le chef de la bande,
tente de l'intégrer au groupe dans l'espoir de le faire changer
d'avis. Pour ce faire, on va initier Claude aux drogues, et tenter de
lui faire revoir Sheila, la jeune cavalière aperçue dans
le parc, dont il est tombé amoureux.
Il se trouve justement que la demoiselle donne une réception pour
ses fiançailles, dans un beau quartier... Toute la bande s'y rend,
et se fait jeter en prison par le père de Sheila après que
Berger a chanté haut et fort son bonheur de vivre, sur l'immense
table de fête bordée d'invités effarés.
Les économies de sa mère permettront au coupable de sortir
sa tribu d'affaire. De retour à Central Park, Claude goûte
au LSD et s'imagine épousant Sheila... avec laquelle il partagera
dans la soirée un bain de minuit innocent, perturbé et écourté
par la disparition de leurs vêtements, suivie de celle de Sheila.
Là-dessus, Claude persiste dans son intention de partir au Vietnam,
et passe devant le conseil de révision, qui l'envoie faire ses
classes au Nevada. D'où il écrit à Sheila, qui montre
la lettre à Berger, lequel décide illico que Claude a besoin
de leur soutien moral, et les voilà tous partis pour le Nevada.
Une fois sur place, il s'avère impossible de pénétrer
dans le camp militaire. Un subterfuge est mis en place: Sheila séduit
un sergent éméché, dont on emprunte la tenue et la
voiture, et Berger, cheveux coupés, se rend au camp déguisé
en sergent, dans l'intention d'en ressortir avec Claude.
Mais Claude ne peut sortir comme ça, le camp est en état
d'alerte, les appels sont trop nombreux, ça se verrait. Alors Berger
lui propose d'échanger leurs vêtements et de prendre sa place
le temps d'un pique-nique.
Pendant que Claude rejoint la bande pour quelques heures, le drame se
noue à l'intérieur du camp: son bataillon embarque pour
le Vietnam, avec Berger qu'on a pris pour lui, et qui en mourra.